Placements : 9 solutions pour doper sa future retraite – Le Figaro
Il n’y a pas que le PER ! Plusieurs options, de la Bourse à l’immobilier, s’offrent aux épargnants pour compléter leur pension.
C’est à peu près sûr : les générations nées dans les années 1960-1970 verront leurs revenus chuter plus fortement au moment de leur retraite que celles nées dans les années 1950. Les tout jeunes sexagénaires et les quinquagénaires vont en effet subir de plein fouet les impacts des réformes adoptées ces dernières années, qui ont épargné leurs aînés, même en cas de suspension de celle de 2023.
La Cour des comptes comme le Conseil d’orientation des retraites (COR) anticipent ainsi un écart de plus en plus grand entre le montant de la première retraite et celui du dernier salaire. Les deux institutions projettent par ailleurs un décrochage plus marqué entre les revenus des actifs et les pensions des retraités (revalorisées seulement de l’inflation). Mieux vaut donc prendre les devants.
Quoi qu’il en soit, le brouhaha parlementaire sur le budget 2026 ne va pas bouleverser la hiérarchie des placements. Les marchés financiers et l’immobilier resteront les actifs les plus pertinents pour se constituer un patrimoine durable permettant de disposer d’un complément de revenu à la retraite. Si le plan d’épargne retraite offre un cadre fiscal avantageux, ce n’est pas le seul.
L’assurance-vie, pour sa souplesse inégalée
Le détenteur d’une assurance-vie conserve la disponibilité de son épargne à chaque instant. Tout en préparant votre retraite, vous pourrez piocher dans votre contrat si besoin. Mais gardez à l’esprit que pour retirer 1000€ par mois pendant 20 ans, vous devrez amasser un pactole de 240000€ (sans tenir compte de la performance du contrat). Il faut donc veiller à réunir une réserve suffisante pour vous constituer un complément de revenus une fois l’heure de la retraite venue.
Alors que l’intérêt fiscal du PER joue à l’entrée, c’est à la sortie que l’assurance-vie prend tout son sens. Lorsque vous retirerez l’argent, seule la part des gains incluse dans votre rachat sera imposée, au taux de 24,7% ou de 30%. Et si votre contrat a plus de 8 ans, l’avantage est optimal. Vous pourrez retirer chaque année jusqu’à 4600€ de gains (9200€ si vous êtes marié ou pacsé et soumis à une imposition commune), sans impôt sur le revenu. «Pour toutes ces raisons, ouvrir une assurance-vie, en plus d’un PER, est la solution idéale pour préparer sa retraite, conseille Alban de la Raitrie, gérant privé à la Financière d’Uzès. Avec un PEA en plus, c’est encore mieux.»
Le plan d’épargne en actions, pour son exonération d’impôts
Dès que votre plan d’épargne en actions (PEA) atteint 5 ans, les gains sont exonérés d’impôt sur le revenu, que vous choisissiez une sortie en rente ou des retraits successifs. Cet avantage fiscal permet aux épargnants de se concentrer pleinement sur la gestion de leur portefeuille d’actions. «Pour les clients proches de la retraite, la stratégie consiste à privilégier des valeurs de rendement avec un cours de Bourse stable, offrant des dividendes. Les retraités peuvent ainsi encaisser les dividendes en guise de complément de revenus en laissant le titre prospérer dans l’enveloppe. Si le PEA ne dégage pas de plus-value globale, l’épargnant pourra même percevoir les dividendes sans payer de prélèvements sociaux», souligne Alban de la Raitrie.
Investir dans des fonds actions comporte naturellement des risques, mais il existe des solutions pour les limiter à l’approche de la retraite. « Il est possible de sécuriser petit à petit un PEA en misant sur des Sicav monétaires éligibles, explique le gérant privé. Ce sont des Sicav notées 1 sur 7 sur l’échelle de risque, comme Amundi Sérénité PEA ou CM-AM PEA Sécurité. Ces fonds investissent 75% de leurs actifs dans des actions dont le niveau de risque est couvert par des contrats d’options ou des produits dérivés exposés au rendement monétaire à faible risque.»
Les valeurs de rendement, pour les revenus de la Bourse
1750 milliards de dollars ont été reversés l’an dernier par les entreprises cotées à leurs actionnaires, selon Janus Henderson Investors. Un record historique. Les entreprises françaises se montrent particulièrement généreuses, avec 69 milliards de dollars de dividendes distribués en 2024. Pour se constituer un complément de revenu régulier grâce aux actions cotées, il faut sélectionner des entreprises qui ont l’habitude de verser des dividendes à leurs actionnaires: citons notamment Amundi, BNP Paribas, Bouygues, Engie, Groupe M6, Orange ou encore TotalEnergies.
Tous ces titres peuvent être logés dans un PEA, ce qui permettra de différer l’imposition jusqu’au moment des retraits. Une alternative consiste à investir dans des ETF (exchange traded funds) qui répliquent la performance de valeurs de rendement et reversent les dividendes, comme Amundi Stoxx Europe Select Dividend 30 (entreprises européennes) ou iShares MSCI World Quality Dividend (à l’échelle mondiale).
L’immobilier, pour l’effet de levier du crédit
Même si vous pouvez investir comptant, mieux vaut financer un investissement locatif avec un crédit qui s’achèvera au moment de votre départ à la retraite. «En cas de problème grave, vous aurez conservé vos liquidités et l’assurance emprunteur prendra en charge les mensualités», conseille Xavier Lacombe, cofondateur d’Artémis Courtage. De plus, les intérêts d’emprunt viennent s’imputer sur les revenus locatifs, ce qui en minore l’impact fiscal.
Attention, la détermination de votre taux d’endettement peut complexifier votre projet. Le Haut conseil de sécurité financière interdit le recours à la formule de calcul différentielle, favorable à l’investisseur, pour intégrer les loyers. Lorsque l’intégration des loyers est impossible, «mieux vaut emprunter via une structure sociétale, par exemple une SCI non familiale», conseille Laura Martino, directrice des partenariats bancaires chez le courtier Cafpi. Pour sécuriser vos revenus, étudiez le marché locatif, vérifiez la solvabilité du locataire et souscrivez une assurance loyers impayés.
Les SCPI démembrées, pour des revenus futurs
Absence de soucis de gestion, rendements stables (de 4,20 à 5% annuels sur la décennie), ticket d’entrée modeste… Les atouts des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) sont connus. Si vous avez du temps avant votre départ à la retraite, pourquoi ne pas acquérir seulement la nue-propriété des parts? Vous ne percevrez pas de loyers, ce qui n’alourdira pas votre fiscalité, et vous bénéficierez d’une décote de 10 à 45% suivant la durée du démembrement (de 3 à 20ans).
À l’échéance, vous récupérerez sans frais la pleine propriété des parts. Vous pourrez alors les garder pour percevoir les loyers ou transmettre la nue- propriété à vos héritiers en conservant l’usufruit et les dividendes. Vous pouvez également profiter de l’effet de levier du crédit. «Des établissements comme Axa Banque et le Crédit foncier communal d’Alsace et de Lorraine financent les parts de SCPI. Les taux sont parfois un peu plus élevés que pour un achat en direct», explique Xavier Lacombe.
Les SCPI au comptant, pour des gains immédiats
En achetant des parts de SCPI en pleine propriété (non démembrées), vous commencez à percevoir des loyers rapidement, généralement au bout de 3 à 6 mois (le délai de jouissance est variable selon les SCPI). Ces revenus constituent un complément appréciable, soumis à votre taux marginal d’imposition (TMI) majoré de 17,2% de prélèvements sociaux. L’opération est intéressante si vous êtes moins fiscalisé à la retraite que durant votre vie active. Attention, toutes les SCPI ne se valent pas. « Le marché est à deux vitesses avec, d’un côté, d’anciennes SCPI qui ont du mal, et de l’autre, des véhicules récents qui collectent et affichent de bons rendements », avertit Olivier Herbout, directeur des investissements du courtier Ramify. Pour minimiser les risques, constituez-vous un portefeuille diversifié.
La location meublée, pour sa fiscalité imbattable
En attendant une éventuelle modification, avec un alignement entre la fiscalité de la location nue et meublée, cette dernière offre aux investisseurs la possibilité de réduire leurs loyers imposables grâce à l’amortissement de leur bien immobilier. Les amortissements et les intérêts d’emprunt déductibles peuvent même générer un déficit, qui allégera encore l’impôt sur les loyers perçus au début de votre retraite.
«Attention, il est préférable de calibrer le total de vos recettes annuelles encaissées pour qu’il ne dépasse pas 23000€ ni le montant de vos pensions de retraite, afin d’éviter de basculer sous le régime de la location meublée professionnelle», avertit Élise Moras, directrice des études de l’ingénierie patrimoniale de Meeschaert Gestion Privée. Si vos recettes dépassent 23000€ par an (6028€ seulement pour des chambres d’hôtes), vous serez redevable de cotisations sociales. Ce n’est pas forcément un inconvénient pour des loueurs ayant cessé précocement une activité salariée. La location meublée permet en effet de continuer à valider des trimestres de retraite afin de partir à taux plein sans avoir à attendre 67 ans.
Le viager, pour une pension à vie
Le viager consiste à vendre son logement tout en continuant à y vivre. Plus vous attendez, plus la valeur de votre bien sera élevée. Le paiement se fait généralement en deux temps : un capital, le «bouquet», remis le jour de la signature chez le notaire puis une rente dite «viagère». La répartition bouquet rente est librement négociée avec l’acheteur. Vous pouvez aussi opter pour un versement unique, le «viager comptant».
Selon le spécialiste Viagimmo, un bien de 300 000€ détenu par une femme de 74 ans peut donner lieu à un versement unique de 147900€, ou à un bouquet de 60000€ et 485€ de rente mensuelle, ou encore à 40000€ de bouquet et 596€ de rente. La rente bénéficie d’un abattement fiscal de 70% si vous avez plus de 69 ans. Autre avantage, vous assumez uniquement les charges d’entretien courant de votre logement. En revanche, vous n’êtes détenteur que d’un droit d’usage et d’habitation (DUH). «Personnel et incessible, il interdit la mise en location du bien et s’éteint au décès ou en cas de déménagement», précise Sophie Richard, fondatrice et gérante du réseau Viagimmo.
La vente de la nue-propriété, pour rester chez soi
La vente de la nue-propriété vous permet aussi de demeurer dans votre logement jusqu’à votre décès. Le statut d’usufruitier, plus souple que le DUH, vous autorise à louer votre bien. Cette solution permet aussi de percevoir un capital plus important qu’avec le viager comptant : 164 400€, en reprenant l’exemple précédent. En contrepartie, vous devez assumer toutes les réparations exceptées celles affectant le gros oeuvre. «Avant d’opter pour la cession de la nue-propriété, il est important d’évaluer le montant des charges et de les revaloriser. La détention de l’usufruit peut se révéler particulièrement coûteuse en copropriété. De plus, dans ce cadre, on n’est pas maître des décisions de travaux», prévient Sophie Richard.
