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Presse écrite
22 septembre 2025

Le viager est-il vraiment un pari sur la mort ? – Le Journal des Sables

En France, 5550 transactions immobilières correspondaient à un bien en viager en 2024. Malgré ce chiffre, de nombreuses réticences persistent sur son aspect éthique : est-ce vraiment un pari sur le décès du vendeur ?

Quel est le point commun entre François Hollande, Ségolène Royal, Valérie Giscard d’Estaing ou encore Charles de Gaulle ? En plus d’être dans la
politique, tous ont acheté un bien en viager. Une tendance de plus en plus en vogue. En 2024, le nombre de transactions immobilières de ce type a bondi de 5 % en un an en France. Mais derrière cette impulsion se cache un principe qui peut intriguer.

Le viager consiste pour l’acheteur, que l’on appelle débirentier, à verser une rente à vie au vendeur, le crédirentier. Au décès de celui-ci, le viager cesse et le débirentier devient propriétaire du bien.

Le questionnement éthique du viager

L’une des remarques récurrentes revient sur la morale, le fait, dans les grandes lignes, d’attendre la mort de la personne qui met en viager son bien. « Je comprends tout à fait que cela puisse déranger. Mais tout ce qu’on ne connaît pas fait peur », déclare Sophie Richard, fondatrice du réseau Viagimmo.

La juriste spécialisée en droit immobilier souhaité redonne ses lettres de noblesse à cette pratique. « Quand on vend en viager, on fait des calculs qui tiennent compte de l’espérance de vie des vendeurs. Ça va se baser sur le sexe de la personne, l’âge, si elle vit en couple… Ils sont déterminés de manière objective et factuelleSophie Richard tient égale ment à briser le préjugé comme quoi comme les débirentiers choisissent le logement en fonction de l’état de santé du crédirentier. « Le viager doit être aléatoire, puisque la durée de vie de la personne conditionne la vente. Sinon, il y a une requalification. L’acheteur ne sait pas combien de temps il va payer le viager: sur une espérance de vie de 17 ans, il peut le payer sur huit ou sur vingt ans. »

« Tout le monde y trouve son compte»

Catherine* a déposé son appartement en viager il y a de ça deux mois. « C’est pour des raisons financières. Je suis propriétaire et j’ai une petite retraite. II y a des ravalements à faire que je ne peux pas payer. Soit je le mettais en viager, soit je le vendais. » Pour cette femme de 71 ans qui peut vieillir sans tracas économique, nul besoin de se questionner sur l’aspect moral de cette pratique immobilière. « Je n’ai pas l’impression d’avoir d’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Au contraire, tout le monde y trouve son compte. Pour l’acquéreur, c’est une super affaire. »

Un contrat gagnant-gagnant?

Les avantages financiers du viager participent au fait que les idées reçues sont vite oubliées. « Neuf Français sur dix souhaitent vieillir à domicile », indique Sophie Richard. « Vendre en viager va leur permettre de rester vivre chez eux, d’avoir des revenus complémentaires, ils ne dépendent pas de leurs enfants… Ça leur permet de se soigner, payer leurs factures, car tous les prix explosent. Du côté des acquéreurs, ils savent qu’ils aident une personne du troisième âge à vivre paisiblement, tout en ayant un capital financier dans la pierre et en investissant pour plus tard. » D’après les chiffres, plus de la moitié des acquéreurs en viager, 58 %, souhaitent constituer un patrimoine à moindre coût. Du côté des vendeurs, la principale motivation est d’augmenter leur revenu (51 %).

*Prénom d’emprunt

  • Par Romane ROUSSEAU, Les Sables Vendée Journal